Paradoxe de Jevons

De Wiki du Numérique Responsable

Définition

La paradoxe de Jevons nous vient d'un économiste britannique de la fin du XIXème siècle : William Stanley Jevons[1][2]. Il formalise la loi de la demande en s'appuyant sur la valeur utilité et décrit le comportement d'un consommateur qui achète une unité supplémentaire d'un bien tant que l'utilité associée est supérieure au prix de ce bien. Il démontre également que, malgré l'augmentation de l'efficacité avec laquelle une ressource est employée grâce aux améliorations technologiques, la consommation totale de cette ressource peut, elle, augmenter au lieu de diminuer. En particulier, ce paradoxe implique que l'introduction de technologies plus efficaces en matière d'énergie peut, dans l'agrégat, augmenter la consommation totale de l'énergie: c'est le Paradoxe de Jevons qu'on nomme également couramment l'Effet Rebond.

Effet rebond peut se définir comme « l’augmentation de consommation liée à la réduction des limites à l’utilisation d’une technologie, ces limites pouvant être monétaires, temporelles, sociales, physiques, liées à l’effort, au danger, à l’organisation… »

Il en découle le corollaire suivant : les économies d’énergie ou de ressources initialement prévues par l’utilisation d’une nouvelle technologie sont partiellement ou complètement compensées à la suite d'une adaptation du comportement de la société.

Catégorisation des différents types d'effet rebond

Il existe trois type d'effets rebonds:

  • Effets rebond directs qui apparaissent lorsqu’une baisse du coût d’une ressource induit des réductions de prix qui, à leur tour, déclenchent une augmentation de la demande pour le bien coûtant le moins cher. La miniaturisation dans le numérique (microprocesseurs, différents composants...) a permis de réaliser des gains sur les matières premières. Ces économies ont été investies en R&D et ont permis d’améliorer les performances des matériels. Cette amélioration a de facto rendu obsolètes des équipements en parfait état de marche. Un autre exemple d'effet rebond direct serait celui de la virtualisation des centres de données.  En effet avec la diminution des coûts de stockage, la demande en stockage s'est accrue et par la même les besoins en traitement des données.
  • Effets rebond indirects où les économies réalisées lorsqu'une ressource est produite de manière plus efficace, et donc moins chère, sont investies en consommant d’autres produits polluants. Bien que nous assistions à une explosion de l' e-learing, du télétravail, des achats en ligne, on ne constate pas une réelle diminution des émissions de CO2.  En effet, la combinaison d'un éloignement plus important de son lieu de travail, et, la possibilité de se déplacer plus sur le plan personnel, a conduit à éliminer tous les bénéfices d'une généralisation des pratiques liées au technologies numériques. Il est également intéressant de considérer l'effet rebond lié au gain de temps apporté par ces mêmes technologies. L'information est immédiatement accessible, toutefois, la prolifération de celle ci, rend plus complexe et donc plus longue, l'identification de l'information appropriée.
  • Effets rebond structurels impactent l’ensemble de l’économie. Ils peuvent apparaître par exemple, lors d'une baisse des prix de l’énergie qui réduirait les prix des biens intermédiaires et finaux et par la même provoquerait des changements structurels dans les modes de production et les habitudes de consommation.

Dans le cadre du numérique responsable

La mise en place d'une démarche numérique responsable (optimisation des systèmes d'information, écoconception, limitation du taux de remplacement de matériel et donc de matières premières) tend à réduire, d'une part, l'empreinte environnementale par la réduction de GES, et d'autre part, par voie de conséquence, les coûts d'investissement (par exemple en appliquant tout ou partie de la règle des 5R). Les potentiels effets rebond dépendront du réinvestissement de ces économies.  En effet, si celles-ci permettent d’accroître les capacités de production ou permettent de développer de nouveaux produits, il est fort probable que les bénéfices environnementaux initiaux soient réduits à néant, voir négatifs.  Si au contraire, ces économies sont investies afin de réduire d’autres sources de pollution ou bien d’améliorer le cycle de vie de produits existants, alors un cercle vertueux pourra être initié.

Afin de ne pas alimenter le paradoxe de Jevons, une prise de conscience des écueils à éviter est indispensable. Il est donc nécessaire de garder en mémoire les différents types d’effets rebond et de définir des stratégies responsables[3] en conséquence.

Au niveau législatif[4]:

  • taxe carbone à l'importation de terminaux en Europe pour stimuler l'achat d'équipements reconditionnés;
  • sanctions et mesures contre l'obsolescence programmée des équipements et celle des logiciels;
  • fiscalité attractive pour les centres de données implantés en France;
  • inclusion dans le rapport RSE des entreprises du numérique responsable...

Au niveau des entreprises[3]:

  • sensibilisation, formation et accompagnement des donneurs d’ordre, product owner, chef de produit, coach agile, UX designer, architecte…
  • expression de besoins responsables (calibrés, sobres, indispensables…)
  • développer la Low-tech
  • redéfinir des nouvelles valeurs comme la régénération pour inciter les entreprises à de nouveaux modèles d’affaires pas uniquement basés sur la croissance
  • promouvoir l’économie circulaire (usage, fonctionnalité, partage)
  • ...

A voir aussi

Références

Articles connexes

Liens externes